Le jugement de Dieu by Inconnu(e)

Le jugement de Dieu by Inconnu(e)

Auteur:Inconnu(e) [Inconnu(e)]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-05-15T13:48:52+00:00


CHAPITRE V

La bataille de Tulle

Au petit jour, le gros de l’armée de Turenne, sous le commandement de La Maurie et de La Rochefoucauld, porta son effort contre la Barussie, alors que Chouppes donnait l’assaut à la Barrière, Daleu au Trech et Charbonnières à l’Alverge. La ville de Tulle était attaquée sur tous ses faubourgs. Lamarsaude fut désigné, avec sa dizaine, pour la défense de la Barussie.

Un chemin de ronde couronnait le fort portail à piquants de fer. L’escalier du cimetière montait à vingt pas derrière l’enceinte. Lamarsaude se sentait mystérieusement rassuré par la présence toute proche de son œuvre. Quelques marches à gravir, la grille à pousser, le court sentier à suivre, et il serait dans le calme de la mort et de la beauté ! François essayait de participer en esprit à cette paix de pierre, d’ombre et de silence, à cette indifférence puissante de la matière. Il voulait être grave et tranquille comme son œuvre. Mais le spectacle qui s’offrait à ses yeux interdisait toute réflexion.

Les assaillants, plus nombreux que la veille, étaient déployés en éventail à quatre cents pas de la porte et tiraillaient à coups espacés sur la garde civique des remparts. Tout près de Lamarsaude, un gamin de vingt ans s’écroula, sans un cri, atteint par une balle dans la joue. Le sang coulait sur ce visage blanc aux boucles noires, mouillées. Mais personne n’avait le temps de soigner ce blessé gracile. Les hommes de La Maurie avançaient en rangs serrés, malgré l’arquebusade qui devenait de minute en minute plus intense. Deux fantassins ennemis poussaient une brouette chargée de barriques de poudre ; sans doute espéraient-ils faire sauter la porte.

Aulaire, le « naz nègre », arma sa fronde :

« Un… touché… Deux… touché… À qui le tour ? »

Les deux hommes s’étaient affaissés l’un après l’autre, comme des pantins fauchés.

Derrière la porte, les bourgeois dressaient en hâte une barricade de charrettes, de tables, de tonneaux et de pierres. Lamarsaude aperçut le vieil Hippolyte Eyrolles qui, debout sur une borne, excitait l’ardeur de ses administrés.

François dévala l’escalier de la tour pour lui serrer la main.

« Aurons-nous assez de munitions, monsieur Eyrolles ?

– Non. Mais il y a des pierres, des piques, des haches et nos poitrines. ».

Les yeux du vieillard étincelaient de colère et de fierté. Son visage était luisant, ferme et dur, comme un masque de bronze :

« Allez… on vous attend sur les remparts. »

Lamarsaude rejoignit son poste, au moment précis où les huguenots, parvenus au pied de la muraille, dressaient leurs échelles contre la galerie de bois. Deux montants s’appliquèrent d’une claque à la poutre du bord. François les empoigna et voulut repousser l’échelle. Mais il était trop tard. Un casque, une tête barbue surgirent devant lui, un bras émergea de l’abîme, brandissant une hallebarde. François para le coup avec la crosse de son arquebuse. L’homme perdit l’équilibre, se redressa, hurla un juron écorché. Déjà, Lamarsaude était sur lui et le frappait du poing en pleine face. Le huguenot ouvrit les bras et se renversa lentement dans le vide.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.